Les joyeux lurons de la Flèche d'or

30 décembre 2005

Les joyeux lurons de la Flèche d'or

Fraîchement embauché comme opérateur de saisie dans un service médical étrange, mes tâches ne sont qu’un maillon du travail à la chaîne orchestré par le tout-puissant médecin-chef ophtalmologue. Celui-ci vient râler après des jeunes filles chargées d’entrer des données en masse, celles des mesures des corrections pour les yeux de ses patients. Il est mécontent de leur rythme encore trop loin de celui des fast-food et se plaint qu’elles n’aient pas encore attrapé la cadence. Des dizaines de feuilles traînent sur leur table. Moi je dois saisir sous informatique les chiffres qu’elles auront notés sur ces feuilles, des centaines de rangées de dioptries. Les touches du pavé numérique du clavier font tac tac tac mais peut-être que je ne vais pas encore assez vite, du moins autant que mes jeunes collègues.
Dans le même service une femme plus mûre est interviewé pour la télé. Elle explique l’ambiance de travail. Les locaux sont divisés entre la salle d’accueil du public, et les bureaux en coulisse, séparés par le comptoir d’accueil ainsi que des cloisons en verre. Tout est si tranquille et agréable à l’arrière, au comptoir ça n’arrête pas de hurler, ça donne pas envie de bosser.
Il est question du mémoire de DESS à faire avec l’appui d’un stage. Nous sommes déjà en mai et je n’ai rien sous la main, ni même de pré-projet. Présence de l’ami au conclave qui me sort un intitulé de sujet qui m’estomaque par son aboutissement. Et si ça me faisait passer une année de plus entre la maîtrise et le DESS ?
C’est l’heure de la pause, nous nous dirigeons pour dîner dans les restos aux alentours dans une ambiance si festive ! Je repère une jeune femme brune marchant parmi nous, elle pousse des gémissements animaux. Apparemment elle est handicapée mentale. Le dîner a eu lieu même si je n’en ai aucun souvenir, mais mon ventre plein en atteste. Toujours dans l’effervescence, quelques uns d’entre nous nous retrouvons dans un restaurant italien. Seul le plat du jour y est servi : un énorme filet de poisson est distribué à chaque table. Une femme bien hystérique qui ressemble à Laura Harrings (qui jouait Camilla dans Mulholland Drive) est conquise à la vue de ce met qui lui rappelle de bons souvenirs de festins. Très expansive, elle interpelle un serveur pour faire son show et lui demander s’il est préparé « comme à la maison ». Le jeune homme reste très froid et prend ces démonstrations de haut. Il ne lui répondra pas.
Une impression de duplicité me pousse à cacher mes notes de travail.

Arrivé dans les locaux de l’association où je suis bénévole, j’ai la surprise de constater que j’ai fait une erreur dans le planning, ce n’est pas mon jour de permanence. Tans pis. Il y a d’ailleurs une réunion à propos de l’organisation du nouveau planning. Une bénévole qui est en même temps une collègue de mon ancien lieu de travail donne des explications sur un tableau, et ses schémas se transforment en démonstration animée et interactive en images de synthèse, des différents cursus possibles à suivre d’un institut de formation. C’est fantastique : les flèches en mouvement bifurquent ou se rejoignent à grands renforts de bruitages et d’effets spéciaux. Nous sommes tous époustouflés !
Parmi les bénévoles il y a un jeune technicien de cinéma. Il faut maintenant que j’assiste sur le terrain à la réalisation d’un reportage sur une fête de rue. L’aspect technique m’intéresse plus que les gens qui sont interviewés. Il va être bientôt 5h du matin. Ça aura duré toute la nuit. Pour finir je tchatche des forains musiciens sur le départ. Débout à l’arrière de leur camionnette, ils sont vraiment déchaînés, habillés en costard paillette haut de forme ou en lapin ! L’un me fait penser à Michael Youn. Curieusement j’arrive à parler leur dialecte de ravagés. Il me demande si je connais telle boîte et je lui demande aussi s’il connaît le Flèche d’or café, qui lui plairait très certainement. Ça y est ils sont partis. Le jour s’est levé, je vais passer la journée à dormir.