Loup de mer ou serpent de mer?

L’ami de Boston est de passage à Paris avec son mari. On discute roller, praticien des roulettes qu’il est, mais j’ai un mal fou à me faire comprendre, parce que patins à roulettes se dit roller, et roller se dit liner ou quelque chose comme ça.

Ma cousine angoisse terriblement pour le permis. Il faut qu’elle passe d’abord le code mais comme elle l’a déjà raté deux fois, elle balise. Pourtant tout ceci ne l’empêche pas de me ramener en voiture. Alors là je comprends plus rien, je lui demande comment elle a eu son permis, pourquoi elle conduit. Elle s’énerve, mais évidemment qu’elle l’a ! Bon sang elle m’explique la situation pour la 3ème fois, malheureusement je comprends toujours pas alors je n’ose plus lui demander. Est-ce qu’elle doit repasser le code parce qu’on lui a retiré le permis suite à quelques infractions ou bien elle l’a jamais passé de sa vie ?  Dans tous les cas elle conduit manifestement sans permis.

Une soirée se transforme en séance de ciné avec un film comico subversif façon Todd Solondz. Mon bien-aimé, mon ex, mes frères et ma mère sont aussi dans la salle. Plan subaquatique où l’on voit un coffret cubique en métal renfermant une armure de chevalier du zodiaque couler lentement vers le fond. Sur chaque face du cube sont sculptés des bustes de personnages de Sailor Moon. Cette séquence me dit quelque chose, je suis sûr de l’avoir rêvée. Si jamais il y à un Saint Charles dans les images qui viennent, c’est que c’était un rêve prémonitoire. Bingo ! Une femme apparaît dans les eaux en utilisant une magie qu’elle appelle l’attaque de Saint Charles ! Mon dieu, j’ai un don ! Le film vire sur une ambiance hilarante d’intrigue de pirate. Une voix off convoque un pirate barbu à tignasse blonde longue et bouclée, assis en tailleur dans un parc à bébé (la caméra se dirige vers lui par derrière en vue de dessus). Il débarque parmi nous puis regagne le pont du bateau pirate sur l’écran. Les remous de l'océan sur le bateau sont perceptibles même dans la salle puisque les spectateurs penchent tantôt à gauche tantôt à droite. La salle est en mouvement comme dans une attraction Disney sauf que là, c’est l’ambiance générale de bonne humeur qui font que les balancements des spectateurs se font aussi ressentir sur la salle. La voix off va poser des questions au pirate, ça va être très drôle ! La situation est confuse car le pirate est à la fois la voix off et distinct d’elle : il posera les questions et y répondra. Tout se complique un peu plus quand il surgit des eaux à côté du navire sous la forme d’un serpent de mer gris géant avec une tête en forme de crâne, à la fois menaçant et désopilant de ridicule (c’est un vieux trucage en pâte à modeler), à deux doigts de dévorer le pirate, mais bégayant de façon grotesque. Maintenant le serpent/pirate disparaît et descend une nouvelle fois sur le pont pour commencer vraiment le questionnaire. Seulement il est invisible, si ce n’est qu’une lumière fluo orangée rouge (une lumière infra rouge visible à l’œil nu) ne trahit le contour de ses mains. On l’entend encore murmurer dans sa barbe, soupirer, et on comprend très bien qu’il est en train de se toucher. Mais que ce film est impayable, même ma mère est pliée en deux ! A la fin du film, j’échange des commentaires avec la jeune fille à ma droite. Elle trouve que le réalisateur est génial, qu’on dirait qu’il a inventé la mort. Où sont passés mon bien-aimé et mon ex ? Ils sont partis ? J’espère que chéri n’est pas fâché. Avant de les attendre dehors, je fais un petit détour à la librairie du ciné où je croise l’ami thésard cinéphile avec qui je parle du film. Une fois dans la rue, je croise aussi l’ami du trésor ainsi que son copain breton. Celui-ci a une coiffure étrange, on dirait une perruque brésilienne, puis une coupe poivre sel qui rappelle Alain Chabat, puis des cheveux bouclés épais avec trois longues bandes de cheveux tricolores partant de la nuque et tombant dans le dos. Il est dégoûté parce qu’à son boulot on lui a refusé une réduction de places de ciné tout ça à cause d’un aller-retour sur Paris. C’est insensé !