Toute la physique que j’aime

Pour tuer l’ennui je chatte avec des amis. A vrai dire nous sommes affalés en groupe en rond sur le sol à plusieurs mètres les uns des autres, trop loin pour pouvoir se parler sans se froisser les cordes vocales. Simplement pour communiquer il suffit de se regarder pour se sélectionner comme des fenêtres sur Windows et faire apparaître une fenêtre de dialogue. Sur une étagère plus loin repose un cadavre sous linceuil. C’est quelque peu inquiétant le chat près d’un macchabée.

Sur le chemin du lycée je croise un très beau collègue bénévole que j’avais jamais vu jusque là, un certain Christophe. Bonjour/bonjour, serrage de pinces, en fait je pensais tomber sur une autre bénévole. Mais comment ça se fait que je l’ai jamais rencontré lors des réunions mensuelles ? Ah, il est pas du lundi… Il me dit que ça l’arrangerait d’échanger une permanence. Il est l’heure d’aller en cours, le bahut c’est la prison, d’ailleurs Béatrice Dalle est là. On me parle d’une ex-collègue imbuvable, qui depuis a eu son Capès et un bébé. Elle est si heureuse et risque d’être pire que jamais ! Je presse le pas dans le couloirs avec une brunette plus hystéro que forte, bien qu’elle fasse son poids sur la balance, qui veut absolument se taper l’affiche ! Pff sans moi alors, je bifurque en me faisant huer au passage par une classe d’école primaire où se trouve un de mes frères. Là, j’ai physique avec mon ancien prof sadique. Je m’installe en rangeant convenablement mes affaires de maquillage. Aujourd’hui il rend les copies du dernier contrôle, une véritable hécatombe qu’il commente dans une distribution assaisonnée de remarques cinglantes mais tellement désopilants. Incroyable, il m’a mis AB+ ! Je sais même pas comment j’ai cartonné, j’avais même eu le temps de faire des dessins et une présentation type BD dans ma copie. Le prof est juste insatisfait des croquis de vis déformées/découpées que j’ai faits. Un portable sonne, fort, si fort qu’il fait vibrer toute la salle. C’est celui du prof, qui répond embarrassé, puis marmonne de plus en plus fort des mots de plus en plus incompréhensibles dans l’hilarité générale. En fait ce sont deux élèves dans la classe qui l’appellent depuis un fixe pour lui faire un canular. Mais attention, il n’est pas dupe : il cherche justement à gagner du temps pour que l’appareil de pistage de télécoms remonte jusqu’au signal source, identifie leur numéro, afin qu’il fasse un rapport en bonne et due forme au proviseur. Comme il est exalté et surexcité aujourd’hui, il hurle torse nu en passant dans les rangs. Hop il fait venir un élève au tableau corriger un exercice, en entonnant la chanson du générique de Friends, tout ça parce que l’élève ressemble à Chandler. Bah, qu’est-ce qui lui prend ? Il a mangé du clown ce matin ? Il enchaîne avec un autre élève qui ressemble au pas très joli Joey Slotnick habillé en racaille, et l’attaque sur ses goûts musicaux, le rap bien sûr c’est de la daube, malheureusement il sait pas sur qui il est tombé. Ça vire en baston, ou plutôt en prise d’étranglement sur le prof qui se débat sans rien perdre de sa verve caustique… vraiment il l’aura cherché. Oh la la, il faut quand même s’interposer ! En guise de négociateur, un petit bonhomme blond en costard, mi-enfant mi-nain, accompagné de sa compagne, une princesse en légo géants de la même taille que lui, s’approche sur un tapis rouge qui les mène jusqu’à la paillasse, afin d’engager des pourparlers.