Sermons dans la maison des cousins

Branle bas de combat aux fourneaux car ce soir je reçois ma cousine et son copain cuistot dans la grande maison de mon bien-aimé. Elle arrive d’abord. Lui est attendu plus tard, comme il est convenu qu’il ramène un coffre fort pour chez eux. Ah le voilà ! Un gigantesque coffre de plusieurs tonnes est attaché sur le toit de son tout-terrain. Les amortisseurs doivent souffrir. Surprise, mon cousin prof d’histoire s’est invité. Mais c’est pas tout. Mon oncle et ma tante débarquent à leur tour, ainsi qu’une ribambelle de leurs amis au grand damne de mes cousins : les parents vont encore tout trouver à redire, critiquer, commander leurs agissements… C’est pas que je sois au-dessus de tout ça mais ma priorité est de nourrir toutes les têtes. Je mets les bouchées doubles, déballant les paquets de pâtes à cuire sur des plaques chauffantes à micro-ondes, rajoutant de la crème au fromage, des asperges braisées. On est presque 15 mais dans les assiettes les portions sont ridicules. Misère de moi et de mon dîner ! Pendant ce temps, mes cousins tous soumis à l’autorité parentale, acquièsant à toutes leurs paroles. C’est qu’ils craignent de se faire couper les vivres, mais tout est bien qui finit bien pour eux, ils sont si bien élevés… Que je me sens petit et loin de tout ça avec ma famille restreinte si modeste à côté. Tati et tonton se mettent à se disputer dès lors qu’elle l’a appelé « papa » devant les enfants. Il lui avait pourtant dit qu’il n’accepterait jamais ça !

Je fais connaissance du prof de piano auprès duquel ma cousine prenait des cours dans son enfance, pour une leçon sur une partition d’un compositeur allemand prénommé FM. C’est un vieil homme sévère, colérique, intransigeant. Il me hurle dessus à la moindre fausse note ! C’est insupportable ! Ma cousine, elle fait une mine blasé, elle m’avait pourtant prévenu, dit-elle. La pauvre, comme elle a dû se sentir humiliée. Aujourd’hui c’est à mon tour d’être le nul, mais je m’entête à faire comme si rien ne m’atteignait. Il s’interrompt pour me proposer un jeu, il faut que je dessine une théière ! Ah bon ? Est-ce que ça va lui servir à mesurer quelque abileté que ce soit ? Je m’y colle avec comme fixation l’idée de dessiner une théière de groupe, longue avec plusieurs becs. Le décor bascule à l’intérieur un bus où une troupe de comédiens jouent un sketch pour divertir les passagers.