Délivre-nous du mal, ô démon de la Maison Sauron

Enchaînement chaotique et non chronologique de scènes d’une soirée cauchemardesque que revivent en boucle une bande de jeunes. Tout se passe comme dans un jour sans fin, mais il s’agît d’un enchaînement sans fin d’événements funestes vus dans le désordre, où tout mènera encore et toujours à la destruction et la mort de tous les convives. En même temps, chacun a parfaitement conscience d’avoir revécu la même histoire et cherche donc à trouver une issue, à changer quelque chose dans la suite des événements. Mais chaque fois ça échoue. Les lieux seront détruits. Tout le monde succombera les uns après les autres. Il y a quelque chose de profondément maléfique.

Tout recommence par cette fête où se réunissent des amis dans un quartier d’hôtels. Nous nous trouvons dans un appart au RDC dans un immeuble qui ne compte que deux étages. Il ressemble à un box design de métal rouge avec des grandes baies vitrées. Je retrouve une amie punk des bancs de la fac mais on se sépare à nouveau comme elle préfère aller à la fête d’en face. C’est là que la mort commencera par frapper. Les appartements seront dévastés par accident, les baies vitrées exploseront.

Dans une répétition de cette scène, les jeunes rescapés rassemblés dans le jardin seront rejoints par une autre bande d’amis qui relanceront la fête, mais la suite les aiguillera définitivement vers leur irrémédiable destin. Certains survivants qui savent comment ça tournera se disent qu’ils ne devraient pas accepter d’y participer, mais comment résister à l’appel de la liesse ? Dans une mollesse entre résignation blasée et ironie du sort, et en dépit du caractère tragique de la première partie de soirée, ils vont encore accepter l’invitation.

Une autre scène se répète, celle où les jeunes fêtards décident de manger dans un resto grec un bon gros sandwich complet avec agneau et frites. Ça rigole, ça chantonne. Un des vendeurs (turc ou grec ?) de l’établissement, bel homme bien bâti se met à éclater de rire, sort un flingue et se tire une balle dans la tête. Ça crie, ça hurle d’horreur. Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Il était comme possédé. C’est incompréhensible, c’est insensé, c’est infernal cette soirée !

Trois jeunes –une fille, deux garçons- décident de s’y prendre autrement pour sauver la soirée, en revenant quelques jours plus tôt avant la date maudite. Ils se sont faits embaucher dans une usine où l’un des garçons pense avoir trouvé une piste. Il a étudié un texte médiéval à propos de la prison de l’an Mil, dite prison Sauron, dont l’architecture a été spécialement conçue pour retenir un démon. La prison est faite de métal noir, et vue de dessus elle a une forme ovoïde allongée en pointe, avec deux ailes en forme de croissant. Il se trouve que le démon a été libéré lors de la soirée maudite. Il a maintenant pris une apparence humaine et a aussi remonté le temps pour diriger la fameuse usine. Il est aussi question d’un ordinateur portable impliqué dans la malédiction et que le second garçon est venu détruire. Mais ce que le premier jeune homme compte faire, c’est d’aller apporter cet ordinateur au démon après la journée de travail pour solliciter son aide pour sauver la soirée, ce qui nécessitera forcément un sacrifice. Les deux autres jeunes sont justement venus l’empêcher de mettre ce plan douteux à éxécution, ça pourrait tourner encore plus mal ! Profitant de ce que le second garçon s’endorme d’épuisement après le labeur (vision subjective des yeux qui se ferment, des paupières qui sont lourdes…), il apporte au démon l’ordinateur qu’il avait caché aux archives. Le directeur est en costard cravate et écoute froidement ce que son employé a à lui dire. Ce dernier est bien insolent, le maladroit le chambre en rigolant sur un autre démon sensé le retenir. Malgré l’impression misérable qu’il lui donne, le démon accepte la proposition.
Retour sur la soirée maudite. La mécanique des désastres a déjà commencé. Le directeur se présente : il est le démon de la prison Sauron. Un frisson d’effroi parcourt l’assemblée, en même temps scandalisée par l’initiative du jeune homme qui l’a sollicité. Il va utiliser son pouvoir pour tenter de mettre fin à la malédiction mais sans garantir de sa réussite. Pour ça il a besoin de manger quelqu’un. Dévoilant son véritable visage, un visage bleu avec une mâchoire aux dents pointues sur une tête chauve et légèrement déformée, il se précipite sur un des jeunes pour le dévorer. Peur et panique s’invitent à la partie, mais je sais avec tant de clairvoyance que ça ne changera rien, ça finira mal, ça finira forcément mal.